Dès ses débuts et pendant de nombreuses années, l’industrie musicale canadienne a vécu dans l’ombre de notre voisin du Sud.
En 2010, tout a changé. La nouvelle décennie allait devenir celle où les artistes canadiens ne se contenteraient plus de briller à l’échelle locale, mais feraient également rayonner leur pays dans l’univers du divertissement à l’échelle mondiale. L’importance de ce bond en avant ne laisse aucun doute : nombre d’artistes sont passés du statut de musiciens qui triment dur à celui de véritables superstars mondiales.
Comment avons-nous fait pour sortir de cette impasse?
Nombreux sont ceux pour qui le principal moteur de cette ascension sans précédent n’a été autre que Drake. Après son succès de 2009, Best I Ever Had, le rappeur torontois a amorcé l’année 201 en grande pompe avec la sortie de son premier album studio, Thank Me Later, le premier des huit albums qu’il allait enregistrer dans la décennie à venir et qui allaient tous se retrouver au sommet des palmarès. Ce premier album a propulsé Drake sur sa trajectoire stellaire, mais semble aussi avoir entraîné dans son sillage toute l’industrie de la musique canadienne, avec de nouveaux artistes, de nouveaux sons et de nouveaux genres.
Et, bien sûr, les Prix JUNO étaient là pour saisir chaque instant.
Commençons par les Prix JUNO de 2010. Le succès mondial Waving Flag était interprété par un quatuor stellaire : Drake, Justin Bieber, K’naan et Nikki Yanofsky. Cette prestation devint instantanément une sorte d’égoportrait collectif de nos futurs ambassadeurs musicaux. Certains allaient bientôt signer des contrats avec des labels américains, brandissant fièrement le drapeau canadien de l’autre côté de la frontière. D’autres sont restés et ont redessiné notre paysage musical à leur image : audacieux, diversifié et florissant.
Alors que ces étoiles amorçaient leur ascension, il était évident que les Prix JUNO allaient les soutenir, qu’elles aient adopté d’autres cieux ou qu’elles continuent à briller là où elles se sont éprises de la musique, chez elles. Le message était clair : les artistes canadiens sont importants et ne seront pas oubliés.
Que ce soit en soulignant la réussite d’artistes comme Kaytranada, Shawn Mendes et The Weeknd, en mettant en lumière les grands succès d’Alessia Cara, de Jessie Reyez et de Loud Luxury ou en récompensant des artistes de renom comme Feist, feu Leonard Cohen et Michael Bublé, les Prix JUNO ont contribué à démontrer aux Canadiens l’immense talent de nos artistes, souvent avec une longueur d’avance.
Alors que les pièces du casse-tête continuaient à s’emboîter pour les artistes canadiens sur la scène mondiale, les fructueuses années 2010 leur ont permis de s’entraider de nouvelles façons dans leur propre pays. Mentionnons notamment Justin Bieber, qui a aidé Carly Rae Jepsen à signer un contrat avec sa société de production, ce qui a conduit, entre autres, à la sortie du colossal succès Call Me Maybe. Ou encore A Tribe Called Red, dont la collaboration avec des artistes comme Tanya Tagaq et Lido Pimienta a permis de rassembler divers intervenants autochtones au nom de l’art, de la sociopolitique et d’une sensibilisation bien nécessaire dans toute l’Amérique du Nord. Il va sans dire que les collaborations locales allaient rapidement trouver un écho au-delà des frontières, incitant les artistes canadiens à raconter leurs histoires à l’échelle internationale en représentant toujours le pays qu’ils aiment.
Bien entendu, les Prix JUNO, bien que critiqués par certains, sont depuis longtemps la pierre angulaire de l’industrie musicale canadienne. Alors que nos artistes poursuivent leur ascension internationale, les JUNOS eux-mêmes continuent d’évoluer. Ces dix dernières années ont montré que cette évolution était nécessaire à leur croissance. De nouveaux genres se développent, les artistes et les producteurs repoussent les limites musicales traditionnelles, et une nouvelle génération d’artistes voit le jour. Et si les années 2010 nous ont fait comprendre que le Canada pouvait produire des superstars planétaires, ce n’était là que le début d’un changement culturel qui maintiendra le Canada sous les feux des projecteurs pendant de nombreuses années encore. Si la perfection n’est pas de ce monde, deux certitudes existent : les artistes canadiens auront toujours leur place aux Prix JUNO. Et ils pourront toujours viser les étoiles.
C’est peut-être Sarah McLachlan qui l’a le mieux exprimé lors des Prix JUNO de 2017. Le Canada, a-t-elle déclaré, est « un pays où les droits des filles et des femmes sont respectés, où les personnes de toutes les origines ethniques, de tous les genres et de toutes les identités sexuelles peuvent s’unir pour ne faire qu’un. C’est un pays où la diversité est appréciée. Où les arts sont vénérés. Où la politesse est indémodable. Nous, les Canadiens, sommes loin d’être parfaits, mais nous avons beaucoup à offrir au monde, et nous devons continuer à placer la barre haut. »
Photo : The Weeknd interprète son méga succès Earned It aux Prix JUNO 2015. Crédit : CARAS/iPhoto