Quand elle a appris son intronisation au Panthéon de la musique canadienne, Jann Arden savait que la boucle était bouclée.
La nouvelle était d’autant plus significative qu’elle l’apprenait de la bouche d’Allan Reid, président et directeur général de la CARAS, des Prix JUNO et de MusiCompte, avec qui l’artiste de Calgary signait son premier contrat chez A&M il y a plus de 30 ans.
« C’était vraiment un moment très spécial », raconte Arden.
Un sentiment partagé par des millions de Canadiens, car Arden, que l’on a découverte en 1993 avec Will You Remember Me et l’album Time For Mercy, nous a offert des observations musicales originales et inspirantes par leur sincérité au fil de ses 19 succès Top 10.
Si le ton de ses enregistrements — notamment l’album cinq fois platine Living Under June, le double platine Happy? et le disque d’or Blood Red Cherry — est sérieux, les concerts spontanés et amusants de la lauréate de huit prix JUNO ont fait d’elle la coqueluche du public.
« Mes spectacles sont amusants, dit Arden. C’est toujours très joyeux. Je m’adresse directement au public en improvisant du début à la fin. »
Et elle pense que c’est à cette authenticité qu’elle doit en grande partie sa popularité.
« Je suis toujours moi-même », affirme Arden, qui a animé la cérémonie des JUNOS en 1997 et coanimé l’événement en 2016.
« Aucun bling-bling! »
Il ne faut pas oublier sa capacité à écrire des chansons empreintes de sensibilité, un talent qu’elle s’est découvert dans le sous-sol de ses parents à Springbank, en Alberta.
« À 10 ans, j’ai trouvé une vieille guitare et j’ai immédiatement commencé à écrire, se souvient-elle. Quand j’avais fini de composer, je ne touchais plus à la chanson. Parfois, j’écrivais deux ou trois chansons par soir. »
Malgré sa créativité, il y avait un talent qu’Arden n’avait étonnamment jamais pris en compte.
« Je n’ai jamais eu l’intention de devenir chanteuse », déclare-t-elle.
L’impresario Neil MacGonigill a repéré Jann Arden au milieu des années 1980, alors qu’elle interprétait ses chansons en duo dans les bars de Calgary.
« Il m’a suivie pendant un an et demi et m’a dit : si tu travailles vraiment fort, tu pourrais signer un contrat d’enregistrement. »
Arden ne manquait pas de matériel.
« À l’âge de 25 ans, j’avais déjà écrit 600 chansons, indique-t-elle. J’avais vraiment trouvé ma vitesse de croisière. »
MacGonigill emmène Arden à Nashville pour des rencontres et des présentations musicales.
« On a été refusés 25 fois — par tous les labels. »
Une fois sous contrat, Arden part en tournée avec Bruce Cockburn et Moxy Früvous alors que Time For Mercy gagne le cœur du public.
« La première année, nous avons vendu 50 000 disques », se souvient Arden.
Son deuxième album, Living Under June, s’est vendu à 1,2 million d’exemplaires dans le monde entier et lui a valu ses plus grands succès : Could I Be Your Girl, Insensitive et Good Mother.
Aujourd’hui, sa carrière est gérée par Bruce Allen. Vedette de sa propre série, Jann, Arden excelle également dans les rôles de présentatrice (elle a couvert la parade du Stampede de Calgary avec Ron McLean, ainsi que le mariage royal avec Lisa LaFlamme), d’animatrice radio (l’émission Being Jann de la CBC), de baladodiffuseuse (The Jann Arden Podcast) et d’auteur (cinq best-sellers, dont If I Knew Then en 2020). Par ailleurs, elle est engagée dans la lutte contre la cruauté envers les animaux.
« J’aime m’occuper au maximum pour que la vie soit intéressante. »
Elle se dit bénie et « très honorée » par son intronisation au Panthéon de la musique canadienne, présentée par la TD. Tandis que nous sommes en droit de nous demander : y a-t-il quelque chose que Jann Arden ne sache pas faire?
« Je ne sais pas danser », dit-elle en riant.
Si la danse ne fait pas partie de ses projets immédiats, le moment est certainement venu d’honorer la carrière de Jann Arden. En raison de la pandémie qui s’est amorcée début 2020, forçant l’annulation des JUNOS à Saskatoon, nous n’avons pas encore été en mesure de souligner adéquatement les grandes réalisations d’Arden. Alors qu’on entrevoit une lueur d’espoir en cette année 2021, nous adressons mille « mercis » à Jann Arden, l’un des trésors musicaux du Canada.
Photo : Jann Arden remporte le JUNO du Vidéoclip de l’année en 1996. Crédit : Barry Roden